
Mercredi prochain sort le nouveau/ancien film de Gus Van Sant. Petit topo pioché çà et là sur le web:
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Un premier film autrefois invisibleMala Noche est le premier film de
Gus Van Sant, produit et tourné par le réalisateur en noir et blanc 16 millimètres en 1985 avec un budget de 22.500 $. Il contient de nombreux plans tournés sans autorisation, le réalisateur alors débutant n'ayant pas la possibilité de demander et d'obtenir toutes les autorisations de tournage. Le film est récompensé en 1987 dans la catégorie du meilleur film indépendant par le Los Angeles Film Critics. Il est resté totalement inédit en France.
A l'origine était un livreNé en 1941,
Walt Curtis est une figure mythique de Portland (Oregon). Il est l'auteur de plusieurs recueils de poèmes, et a traduit Pablo Neruda et Frederico Garcia Lorca. Ecrit en 1977,
Mala Noche est son unique roman, récit cru des amours et des chagrins glanés au hasard des rues. La vie est décevante, les gamins tragiques, il y a des moments de joie et de jouissance dans des sacs de couchage souillés, et des moments d'amertume quand les flics de l'Immigration interrompent les relations intimes nouées sur la route. Ceux qui n'ont pas un amour pour la vie y reconnaîtront leurs espoirs et leurs déchirements...
Le révélateur
C'est cette oeuvre tournée en totale indépendance qui révélera
Gus Van Sant aux critiques américains. Il marquera ensuite de son empreinte le cinéma américain indépendant des annés 90 avec notamment
Drugstore Cowboy (1989),
My Own Private Idaho (1991) et
Even Cowgirls Get the Blues (1993).
Retour aux sources
Le cinéaste mène une brillante carrière en travaillant pour les majors hollywoodiennes. L'apothéose de cette période sera sans nul doute
Will Hunting (1997), nommé neuf fois aux Oscars, avec une nomination pour
Van Sant dans la catégorie meilleur réalisateur. Il décide par la suite de revenir à une méthode de production et de réalisation proches de ce qu'il avait connu à ses débuts sur
Mala Noche. Il va alors réaliser un ensemble de trois films,
Gerry,
Elephant, et
Last Days, ayant tous pour point commun de mettre en scène des jeunes gens perdus dans une société moderne où il devient de plus en plus difficile de trouver sa "place". "
Quelques critiques:
Mcinema.com
"Il est toujours émouvant de découvrir un film inédit d'un auteur que l'on aime. D'autant plus qu'il s'agit ici de Gus Van Sant, et de son premier long métrage, inédit en France depuis vingt ans. MALA NOCHE, soit « mauvaise nuit » en français, sent bon le cinéma indépendant à trois francs six sous, avec son noir et blanc profond, sa bande son approximative et son générique ultra cheap. Cette histoire d'un bel épicier à barbe de trois jours, qui en pince pour un jeune latino, évoque DRUGSTORE COW-BOY et MY OWN PRIVATE IDAHO. Normal, car le jeune cinéaste d'alors pose les bases de son cinéma, et jette sur l'écran les grandes lignes de son univers créatif. Solitude moderne, individus en marge, attraction fulgurante et amours impossibles. Tout est là. Gus Van Sant filme le désir brut et sans équivoque, avec des plans évoquant parfois le Jean Genêt d'UN CHANT D'AMOUR. Certes la post-synchro du personnage-clé de Johnny laisse à désirer, mais la perfection technique n'est pas au menu de cette balade sentimentale. C'est avant tout une rareté, avec dans le rôle central Tim Streeter, excellent acteur qui aurait mérité d'être connu plus tôt." O.P.
Télérama " Mala Noche (…) est un vraiment un beau film de jeunesse, à tous les sens de la formule. Jeunesse d'un futur grand cinéaste, qui manifeste à la fois son inventivité formelle (…) et son aptitude à créer des personnages touchants, aussi paumés qu'innocents. (…) Déjà, Gus Van Sant sait raconter un drame sans en faire des tonnes(…). " L.G.
Entretien vidéo de Van Sant à Cannes sur
Mala Noche:
ici